Vivre à deux ou à douze : l’art d’aménager une maison secondaire
🎧 Chaque mois, je partage ici une pépite audio qui m’a marquée. Un épisode de podcast à (re)découvrir, accompagné de mes notes synthétiques pour en garder l’essentiel et peut-être vous donner envie d’écouter à votre tour.
🎧 Podcast Décodeur, animé par Hortense Leluc – Épisode avec Amélie Collard & Manon Piat
Dans cet épisode, le duo d’architectes d’intérieur Amélie Collard et Manon Piat, fondatrices de l’agence Terre de Brume, partage les réflexions qui ont guidé leur rénovation d’une maison normande pensée à la fois comme résidence secondaire pour un couple et maison de famille à géométrie variable.
Clarifier les accès
L’entrée, peu lisible depuis le chemin d’arrivée, a été retravaillée pour qu’on identifie clairement la porte dès le parking. Deux pots de fleurs, une applique et une logique de seuil visible rendent l’accueil plus intuitif.
Alléger les ouvertures
Trop de portes-fenêtres peuvent gêner l’aménagement intérieur. Leur stratégie : transformer certaines de celles-ci en baies fixes pour préserver la vue sur le jardin tout en libérant de l’espace pour une banquette ou un meuble.
Valoriser l’espace d’entrée
Elles déconseillent les placards fermés dans l’entrée, qui finissent souvent par rendre la mère (ou le père) de famille esclave du rangement ou transforment les pièces voisines en dépotoirs. On connait tous l’histoire des manteaux qui trainent sur les chaises ou sacs jetés à la va-vite sur l’îlot de cuisine. Une entrée trop petite ou mal conçue finit par contaminer tous les espaces autour.
Mieux vaut des patères à bonne hauteur, une banquette pour se déchausser et un vrai sas pensé pour les usages répétés de la journée. En bonus, des matériaux chinés comme des tomettes de chez Lascombes Matériaux Anciens contribuent à donner le ton dès les premiers pas dans la maison.
Soigner les WC invités
Idéalement séparé du lave-mains, ce petit espace gagne à être valorisé comme une pièce à part entière, avec miroir, lumière flatteuse et teinte sombre pour créer une ambiance enveloppante.
Cuisine : penser flux, usages et réalité quotidienne
Selon Amélie et Manon, une cuisine bien conçue repose sur deux flux fonctionnels distincts :
d’un côté, le triangle technique (évier, plaque, frigo)
de l’autre, le triangle service (débarras, dressage)
Croiser ces deux circuits provoque au quotidien de petites frictions entre les utilisateurs. Leur organisation fluide permet de cuisiner à plusieurs sans se gêner.
Elles insistent aussi sur l’importance d’une arrière-cuisine, même de taille modeste et n’hésitent pas à grignoter de l’espace sur une autre pièce. C’est un lieu où ranger ce qu’on ne veut pas voir (coucou l’appareil à raclette et la trancheuse à jambon), désencombrer les plans de travail et mieux vivre la cuisine au jour le jour.
Concernant la hotte aspirante, elles rappellent que seulement un tiers des Français l’utilisent correctement (préchauffe 10 min avant, marche prolongée après). Les modes de cuisson évoluent (moins de fritures et de grillades, plus de cuisson au four) ; selon elles, il est donc parfois plus pertinent de ne pas en mettre, surtout si elle encombre visuellement l’espace.
Côté éclairage, elles recommandent deux réseaux :
un éclairage technique pour cuisiner efficacement
une lumière douce (suspensions basses ou indirectes) pour les moments calmes comme le petit café du matin
Elles rappellent enfin une vérité souvent négligée :
« Dans une cuisine, on ne passe que 40 % du temps à cuisiner. Le reste ? C’est les devoirs des enfants, le café avec un invité de passage, un mail pro en home office… »
D’où l’importance de concevoir une cuisine vivante, adaptable, loin du tout technique.
Chambre : l’opposé d’une résidence principale
Côté chambres, dans une maison secondaire, les usages sont différents : on n’y déballe pas sa valise, on y pioche ses affaires au fur et à mesure du court séjour. Il faut donc prévoir une banquette pour la valise, des patères visibles, une tête de lit confortable avec prises accessibles, voire une machine à café pour les levers décalés.
Une salle de bain attenante, semi-ouverte, facilite les usages de court séjour sans multiplier les rangements fermés. Que celui qui a déjà oublié sa trousse de toilette dans le tiroir plaide coupable !
Lumière et jardin : prolonger l’intention
Dans le salon un peu trop sombre, elles ont intégré une verrière de toit CAST PMR, alternative haut-de-gamme à Velux, validée par les Architectes des Bâtiments de France, pour mieux s’intégrer dans le bâti ancien.
Au jardin, elles conseillent de structurer les usages (repas, café, piscine) en dissociant les espaces par des variations de revêtement, de niveaux, et de végétation : graminées, bois, caillebotis, etc.
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Pour écouter le podcast complet, RDV sur Décodeur / Archi Cool.